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Comment intercepter les émotions d’un utilisateur ?

5/12/2022

Pour répondre à cette question, je pense qu’il est primordial de comprendre d’où viennent nos émotions

Les émotions prennent forme dans notre système limbique avant même qu’on ait conscience de ce qu’il se passe.

En premier lieu, un de nos 5 sens est mis en action. Cette information vient directement au niveau du thalamus (qui comporte une zone pour chaque sens : l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût, la vue). Parallèlement, l’information est envoyée au niveau d’une amygdale : qui se trouve au niveau de la mémoire et détecte les nouveaux événements.

L’émotion apparaît alors, elle s'adapte en fonction de la mémoire du corps humain : s’il connaît déjà cette situation ou non. Enfin, l’émotion est répercutée sur notre organisme grâce à l’hypothalamus :  cette glande gère le système nerveux (elle permet les réflexes vitaux : battement du cœur, respiration…) pour chaque situation différente.

Ainsi, le corps humain réagira différemment selon ce qu’il voit et ce qu’il a vécu.

Schéma présentant le fonctionnement de notre corps humain face aux émotions

Charles Darwin défend dans un ouvrage que l’espèce humaine présente 6 états émotionnels innés : la joie, la peur, la surprise, le dégoût, la colère et la tristesse. Il décrit ces 6 émotions comme universelles et interprétées par les Hommes de la même manière.

Sa théorie est encore très connue à l’heure d’aujourd’hui, mais certains scientifiques comme Rachael Jack de l'université de Glasgow se sont aperçus que Darwin n'avait pas tout à fait raison. Pour vérifier ce dire, elle a fait appel à 30 volontaires. La moitié d'entre eux étaient Asiatiques et l’autre était composée d’Occidentaux.

Leur mission durant ce test était de classer 4 800 visages différents. Grâce à cet exercice, les scientifiques se sont rendus compte que les Occidentaux s’accordent pour classer les émotions alors que pour les Asiatiques, il est plus difficile de classer le dégoût, la peur ou la surprise. Les scientifiques en ont conclu que la diffusion des émotions dépendait de notre culture.

Paul Ekman, comme Darwin, est convaincu qu’il existe 6 émotions primaires chez la plupart des vertébrés.

Il pense aussi que chaque émotion primaire est associée à une expression faciale particulière, par exemple, la joie se traduit par la montée des coins de la bouche et par la montée des joues qui provoque un plissement des yeux. Il appuie cette théorie grâce à une étude réalisée dans 22 cultures différentes dont des tribus encore isolées de Papouasie-Nouvelle Guinée.

Les résultats sont sans attentes : les groupes reconnaissent très facilement les émotions primaires exprimées. Cela suggère ainsi le caractère universel des expressions faciales. Il appuie ces résultats en réalisant une étude auprès d’aveugles congénitaux. Ces tests montreront, incroyables soient-ils, que leurs expressions faciales émotionnelles sont semblables à celles des voyants.

Recherches présentant des émotions primaires associées à leurs expressions faciales

Si toutes ces études appuient sa théorie, il y a quand même une distinction à faire. Les cultures orientales et les cultures occidentales n’auraient pas les mêmes expressions faciales pour chacune de ces 6 émotions. Pour démontrer cela, il faut revenir à l’enfance, E.Gentaz de l'Université de Genève, a mis en place divers tests pour connaître comment se développent les émotions primaires durant l’enfance.

Les recherches commencent au fœtus : les scientifiques utilisent des scanners ultrason 4D permettant d’affirmer qu’un fœtus de trente-quatre semaines peut déjà produire un répertoire limité d’expressions faciales comme le rire ou la tristesse. Vient ensuite la naissance, où les bébés sourient pendant leur sommeil. Les pleurs sont aussi présents, nous pouvons dire que ce sont les premières émotions primaires que les bébés développent. Le dégoût arrive ensuite en réaction à des odeurs ou des goûts, il sera plus marqué à l’âge de 4 mois. Ces premières expressions permettent au bébé d’exprimer ses besoins et d’assurer sa survie.

Pour les autres émotions primaires : ce sera à partir de 6 mois que le bébé commencera à exprimer de la surprise. L’expression de peur, quant à elle, n'apparaîtra qu’à partir de sept-huit mois. La capacité de différencier chaque émotion primaire arrivera plus tard vers l’âge de 10 mois. Pendant la seconde année, les bébés apprennent à distinguer les personnes et deviennent conscients de leurs propres intentions.

“Entre trois et six ans, les enfants développent la capacité de modifier, masquer ou minimiser leurs émotions dans certaines circonstances. À cet âge, ils comprennent et utilisent de mieux en mieux [...] la manière de répondre émotionnellement dans un contexte social.” (Médecine & enfance, 2017, p.200).

C’est donc à partir de cet âge-là que l’écart va se faire entre les enfants élevés en Orient et ceux élevés en Occidents. Nous pouvons de ce fait nous appuyer sur le dictionnaire Larousse (2020) pour définir ce qu’est une émotion :

“Un trouble subit, une agitation passagère causés par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie. Une réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation venue de l’environnement.”

Attention tout de même, même si vous avez à présent toutes les clés nécessaires pour intercepter les émotions de votre utilisateur, le cerveau de chaque personne ne fonctionne pas de la même manière face aux émotions. Par exemple, notre éducation ou la pression sociale peuvent nous empêcher de ressentir ou d’écouter nos émotions.

Si nous savons à présent mieux analyser ces émotions, nous pouvons tout de même nous demander, en tant que designer, comment faire pour designer un produit qui impact le choix d'un utilisateur cible ? Suite au prochain article. ✨

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